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Histoire de mon voyage autour du monde
24 août 2012

190 à 192e jour : Escapade dans le train le plus mythique du monde, le Transsibérien

Histoire du Transsibérien :

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, les pays les plus industrialisés se livrèrent une lutte féroce pour obtenir l'avantage stratégique au niveau mondial, accroître leur pouvoir économique et étendre leur Empire. Avec l'émergence des pays industriels, le chemin de fer devint vite le symbole de la puissance des Etats. Ainsi, les ambitions de la Russie se tournèrent vers l'Est, vers l'immensité sibérienne et la lointaine côte pacifique. L'empire russe s'empressait de consolider ses possessions et d'étendre son influence sur la région. Restait à atteindre ces régions inaccessibles. Jusqu'alors, le voyage entre St Petersburg et le Pacifique nécessitait un périple terrestre long et pénible ou une dangereuse traversée en mer. La solution résidait donc dans la construction de la plus longue voie ferrée du monde : Le Transsibérien.

C'est un projet d'autant plus important qu'au milieu du XIXe siècle, la Russie ne parvient plus à tenir son rang parmi les grandes puissances européeennes à cause de la révolution industrielle. En 1857, le tsar Alexandre II décréta la mise en place d'un réseau ferroviaire moderne visant à consolider l'infrastructure économique préindustrielle. Entre 1860 et 1890, la Russie construisit plus de kilomètres de rails que n'importe quel autre pays à l'exception des USA. Le chemin de fer permit d'établir un pont entre la région industrielle centrale et les matières premières de l'Oural, Moscou devint ainsi le centre du résseau russe. Ainsi, l'effort se limita à la Russie européenne.

La crainte de voir les britanniques gagner du terrain depuis le sous-continent indien entraîna dans les années 1880, la construction d'une liaison transcaspienne pénétrant profondément en Asie Centrale, mais la Sibérie en revanche demeurait lointaine et inexploitée. Ce n'est qu'en Mars 1891 que le nouveau tsar Alexandre III proclame officiellement la construction du Transsibérien, une ligne qui s'étendra de l'Oural au Pacifique car le nouveau tsar aspire a détenir un empire plus centralisé. La ligne de chemin de fer sera souvent modifiée pour satisfaire des groupes de pression influents ou encore pour améliorer son tracé. Elle ne sera présentée officiellement qu'en 1900 à l'exposition universelle de Paris. Cependant, selon les récits des premiers voyageurs, les prestations sont plus ou moins décevantes, les retards sont en effet fréquents et il n'est pas rare que le train vient à manquer de provisions et surtout le Transsibérien affiche le taux d'accidents le plus élevé des lignes de l'Empire.

Cela dit l'objectif est atteint car l'implantation de la ligne avait pour but premier de faciliter l'accès de la Sibérie aux paysans de Russie européenne et si de 1860 à 1890, on ne dénombre que 500,000 personnes qui partent s'installer en Sibérie, de 1890 à 1914, le chiffre est 10 fois plus important.

Dans les années 1930, le régime soviétique lança une campagne publique d'industrialisation dans laquelle s'inscrivaient des projets d'envergure en Sibérie. Parallélement, le dictateur Joseph Staline s'était engagé dans la lutte des classes et lorsqu'elles n'étaient pas mises à mort les victimes de la terreur Stalinienne étaient envoyés dans des camps de travail forcé, les goulags. La révolution industrielle de la Sibérie s'appuyait ainsi sur des millions "d'ennemis du peuple" imaginaires.

En effet, les détenus du goulag, dont le seul délit pour certains était d'avoir plaisanté sur Staline ou d'avoir volé quelques épis de blé dans une ferme collective (Kolkhoz) coupaient des arbres, creusaient des canaux, posaient des rails et travaillaient en usine dans des régions reculées notamment en Sibérie et dans l'Extrême Orient russe. Ainsi des villes entières se développaient en tant que centres du goulag. La population du goulag passa alors de 30,000 détenus en 1928 à plus de 8 millions en 1938. Les prisonniers sous-alimentés et maltraités travaillaient à mort, au sens littéral du terme car l'espérance de vie moyenne d'alors tournait autour de deux ans et ainsi 90% des détenus ne ressortaient pas vivants. Et ce système se perpétua bien après la seconde guerre mondiale car on estime à 18 millions, le nombre de personnes qui passèrent par ce système de camps de travaux forcés.

 

Nous sommes jeudi soir, je suis parti pour 4 nuits et 3 jours complets dans le transsibérien puisque j’ai fait le choix de ne faire aucune escale avant Irkutsk. Je me trouve dans le wagon 3e classe et contrairement à ce que je pensais le standing de la voiture n’est pas si mauvais que ça. La seule différence notable avec la seconde classe est l’absence de compartiments car sinon, les lits sont plus ou moins identiques. Cela dit, je me rends vite compte que si cela intéressant en termes économique, le fait qu’il n’y ait pas de cloison présente aussi l’inconvénient de ne pas protéger des bruits (de ronflements entre autres) pendant la nuit ni des odeurs pendant la journée… Enfin, le wagon est aussi plus convivial.

 

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Mon wagon

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Mon lit en bas à gauche pour 4 nuits

Pour ma part, je me retrouve avec une femme d’une cinquantaine d’années qui dort au dessus de moi, d’un homme à peu près du même âge et de son fils qui doit avoir environ dix-huit ans. S’ils ne sont pas ennuyants, je ne peux pas dire non plus que nous avons sympathisé. On ne s’adresse pas la parole... mais d’ailleurs, contrairement aux idées reçues, chacun fait son voyage dans son compartiment ou son wagon avec ses proches ou sa famille mais on ne peut pas dire que les personnes se mélangent vraiment entre les différents emplacements. Chacun  essaye plutôt de se faire discret et de s’occuper comme il peut. C’est l’occasion idéale pour lire, réfléchir, faire de l’ordinateur, regarder des films etc… Il ne faut donc pas croire que dans le Transsibérien, on passe son temps à boire de la vodka et à sympathiser avec les personnes des autres wagons, c’est bien une légende urbaine...! Bien sûr, ce n’est pas impossible mais, dans la majorité des cas, ça ne se passe pas comme ça. D’ailleurs, j’avais amené une bouteille de vodka au cas où, mais je n’ai pas eu l’occasion de la sortir de mon sac…^^

L’idée est donc d’occuper son temps pendant la durée du trajet… Cela peut être sept jours, si on se rend à Vladivostok. Il faut alors prendre son mal en patience et ne pas s’exciter du fait de la contigüité du lieu et du temps qu’on doit y passer. C’est une épreuve difficile pour certains, mais on peut parfois s’étonner d'avoir apprécié l’expérience avec du recul. Je pense en fait que cela dépend de la personnalité de chacun. C'est en tout cas une expérience qui permet de prendre du recul sur beaucoup de choses étant donné que le rythme actif n’est pas le même.

Pour ma part, ayant démarré mon voyage depuis plus de six mois, je n’avais pas forcément besoin du transsibérien pour prendre de la distance sur mon quotidien car je suis en quelque sorte en réflexion permanente. Cela dit, je profite du voyage pour lire un peu, consulter le guide du transsibérien, comprendre son histoire et celle de la Russie. Sans oublier le temps que je passe à regarder les steppes défiler à travers les vitres du train. Le paysage en lui-même n’est pas vraiment impressionnant car c’est un peu le néant, mais par contre le sentiment d’immensité est assez exceptionnel !

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Les steppes et la taïga défilent le long de la voie ferrée, elles ne sont accompagnées que de très rares habitations et de  lignes électriques qui desservent la Sibérie

 

Et il y a aussi les différentes haltes qui permettent de sortir du wagon et marcher un peu pour acheter  de la nourriture. Et enfin, je dois dire également que je dors énormément (près de 12 heures par jour), c’est peut-être trop mais le rythme de voyage a paradoxalement tendance à fatiguer...

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Une vendeuse le long de la voie ferrée au cours d'une brève halte

Et puis, dernière chose, j’ai rencontré deux françaises à bord de mon train. Elles ont une cinquante d’années et voyagent ensemble jusqu’à Irkutsk où elles souhaitent faire une halte musicale et profiter de cette occasion pour faire un peu de tourisme autour du lac Baïkal. Elles sont donc des artistes et ont la chance de vivre de leur passion. Ce voyage est en quelque sorte la concrétisation de l’un de leurs projets, il a pour but de leur permettre d’explorer les mélodies et résonnances musicales sibériennes, et ensuite de les soumettre à leur groupe de musique.

P1190740Les 2 françaises que j'ai rencontré

C’est une expérience un peu exceptionnelle pour l’une des deux françaises qui n’était jamais partie sans sa famille, par contre son amie est une habituée de la chose, je crois que c’est son quatrième voyage en Sibérie et elle a déjà exploré la plupart des régions du monde. Une vraie baroudeuse.

 Je suis assez chanceux de les avoir rencontré car il n’y a quasiment aucun touriste dans mon train et cela me permettra de passer plusieurs heures à discuter, et en français en plus !

Bref, voilà un peu comment j’occupe mon temps pendant ces quelques jours. Je ne vous cache pas qu’à l’issue de ce périple, je n’étais pas malheureux de quitter le wagon, cette fois pour de bon!

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