253 à 256e jour : Camp de base de l'Anapurna - deuxième partie

Et c’est ainsi que le lendemain, nous arrivons à 3900 mètres au camp de base du Macha Puchure (MBC), la vue est déjà impressionnante. Au coucher de soleil, le cliché est saisissant avec les couleurs de la fin de journée ! Nous admirons alors le sommet du Macha Puchure qui se dresse fièrement face à nous avec ses pentes vertigineuses. A ce titre, il est d’ailleurs interdit d’entreprendre son ascension car elle est quasiment impossible et terriblement dangereuse, et même les plus hardis professionnels n’osent s’y risquer…

Les températures à cette altitude sont très basses et nous nous habillons de nombreuses couches pour trouver le sommeil. Nous nous couchons pourtant assez tôt pour affronter les dernières pentes du trek qui nous emmèneront au camp de base de l’Anapurna (ABC).

Au petit matin, nous quittons donc MBC pour l’ascension finale, de mon côté, je pars seul devant et en attendant que l’intégralité du groupe m’ait rejoint, je prends de nombreuses photos à l’arrivée une heure et demie plus tard. C’est un autre grand moment de mon voyage, l’aboutissement d’un trek de huit jours, et c’est d’autant plus grandiose que le panorama est splendide et la météo quasi parfaite. Une fois tous ensemble, nous prenons le petit déjeuner dans un refuge du camp de base avant de retourner à MBC. Nous sommes heureux, car nous sommes tous conquis par la beauté des paysages qui est époustouflante, et le fait d'avoir dû puiser dans nos réserves pendant plusieurs jours de marche pour pouvoir admirer ce panorama donne un aspect mystique au paysage qui s'ajoute à son charme naturel.

Début de l'ascension

Petit déjeuner au camp de base

Une fois de retour à MBC, nous prenons cette fois le déjeuner, assez tôt (vers 11H) et nous débutons une longue descente qui nous ramènera deux jours plus tard au point de départ. Nous en avons terminé avec les ascensions !

En route vers le refuge dans lequel il est prévu que nous passons la nuit, je rencontre un népalais qui vient de monter une agence de voyage. Il vit à Kathmandou mais souhaite en premier lieu faire par lui-même les treks qu’il propose à ses clients. Il est très sympa et me parle de ses projets, de mon côté, je lui parle de mon voyage et il est assez admiratif, car au Népal, très peu d'autochtones peuvent se permettre de voyager, et il y en a encore moins qui penseraient entreprendre un voyage aussi long.

Il m’explique ensuite qu’un conflit a déchiré sa famille il y a quelques mois, son frère a en effet épousé une fille sans demander l’accord de ses parents ce qui l’a automatiquement exclu de la famille. Banni, son frère vit très mal la situation, il souffre beaucoup de la séparation car il ne peut revoir ses proches, de plus cela l’exclut de tout héritage de la famille.

Nous discutons alors longuement de nos différentes mœurs et traditions et Bikram, le népalais, semble m’écouter attentivement comme s’il était lui-même à la recherche d’une solution car il vit lui aussi très mal l’éloignement de son frère. Je lui explique que selon moi, il serait trop bête de ne plus voir son frère uniquement parce qu’il a préféré se marier à une autre fille que celle que ses parents ont choisi. Il me répond que d’une certaine manière, son frère a détruit la réputation de ses parents en ne faisant qu’à sa tête et qu’il savait à quoi il s’exposait en prenant cette décision. Je lui dis alors qu’étant donné mon ignorance pour leurs traditions, je ne permets de juger ni son frère, ni ses parents, mais que selon moi, son frère n’est pas à blâmer car il a seulement fait le choix d’épouser la femme qu'il aime, et ça ne me semble pas être une raison suffisante pour ne plus vouloir le voir ou le fréquenter. En somme, il me parait trop radical de rayer de nombreuses années de vie commune et de souvenirs, juste pour un choix qu’il a fait qui n’est pas si condamnable. Et puis tant pis pour la réputation que les faux amis voudront bien donner à sa famille, car les vrais amis continueront de toute façon à le respecter lui et ses parents. Voilà, on ne sacrifie pas l’amour d’un frère, ou d’un fils pour une pseudo-réputation donnée par des gens dont on se fiche, finalement… Voilà, en substance, ce que je lui ai dit.

Il me remercie alors de lui avoir livré le fond de ma pensée, et me déclare que ma vision de la situation lui donne matière à réfléchir. Je lui dis cependant de bien faire ses propres choix, et de ne pas accorder trop d’importance à ce que je dis, car j’ignore trop les mœurs locales et je ne voudrai pas que lui aussi se froisse avec sa famille, à cause de ce que je pourrais penser. Pour conclure, je lui dis simplement de prendre le temps de considérer la situation en se mettant dans une position différente et de prendre alors une décision pour ce qu'il estime être l'intérêt de sa famille.

 

Bikram, le népalais

Bref, en tout cas, cette discussion nous montre bien à quel point notre société est différente de la leur. Notre quotidien, nos traditions, et notre façon de penser en France sont aux antipodes de ce qui se fait au Népal (et en l’Inde), et quelque part, je sens que mon ami népalais nous envie car nous avons beaucoup plus de liberté, et nous faisons nos propres choix. En contrepartie, je lui révèle que notre société a aussi perdu beaucoup de ses valeurs d’autrefois et que les gens sont devenus beaucoup plus individualistes. En fait, le monde parfait n’existe pas…

Pour la petite histoire, Bikram qui dispose aussi de facebook, et avec qui je suis resté en contact, me dira un mois plus tard que sa famille s'est réconciliée et il m'a alors chaleureusement remercié de la discussion que nous avons eu car aujourd'hui, lui, ses parents et son frère sont de nouveau tous réunis et ont tiré un trait sur le passé. J'ai vraiment été très heureux d'apprendre cette nouvelle !

Le lendemain, nous nous arrêtons à Jhinnu, et nous sommes récompensés de nos efforts des sept derniers jours par des "Hot Springs". C’est un moment de relaxation bien agréable pour nos muscles, sans doute un peu fatigués par le trek, et nous restons alors une bonne heure dans les bassins formés par les sources chaudes. Nous profitons alors de ce moment et de la dernière soirée dans un refuge pour contempler une dernière fois les paysages himalayens des alentours car demain nous rentrons à Pokhara dans l’après-midi.

chemin du retour, même route qu'à l'aller

un des nombreux escaliers dont le trek est composé

Hot Springs de Jhinnu

A vrai dire, je ne suis pas mécontent de rentrer, le trek était très bien mais je n’ai pas d’affinités avec mon groupe et je ne suis pas malheureux de les quitter car l’ambiance des derniers jours était un peu pesante, je passe en fait quasiment l’intégralité des soirées dans ma chambre à lire ce qui n’est pas toujours bien réjouissant… Surtout dans un lieu aussi rare et sacré que l’Himalaya…

Le lendemain après une longue journée de marche où nous avons vu de nombreuses rizières, nous arrivons enfin au village de départ, huit jours se sont écoulés depuis le départ, déjà...

Chutes d'eau observées le dernier jour

Fatigués, nous montons dans le minibus dès son arrivée, et nous partons directement à Pokhara. Je prends alors les dernières photos des chaînes himalayennes. Je n’avais pas pu les observer à l’aller, car je m’étais endormi dans le van après une courte nuit. Une fois arrivé, je quitte le groupe sans un mot, et je rejoins mon ancienne auberge où j’avais laissé mes affaires avant de partir pour le trek. Je me repose alors un peu dans mon dortoir, et je fais la connaissance d’une australienne qui voyage seule et qui part trekker pour le camp de base de l’Everest en groupe, elle n’a pas l’air d’avoir une super condition physique, mais elle ne manque pas d’enthousiasme et semble prête à relever le défi ! Elle est très sympa en tout cas, et nous partons ensemble manger un morceau en ville, et comme je suis fatigué, nous ne faisons pas de vieux os avant de rentrer nous coucher.

Comments

[Julien]

Merci pour ce commentaire, je vous lis toujours avec beaucoup de plaisir!

[les Escoutouloux]

Ca fait plaisir de te retrouver. Encore de belles photos de montagnes. J'aime bien aussi ta conversation avec Bikram et comme on dit: "autres pays, autres moeurs". Ca me rappelle un film allemand" l'étrangère" où on retrouve le même problème.

Notre Liloo a apprécié les crocodiles, les éléphants, les singes et les pandas.Tu vois, tout le monde profite donc de ton voyage. Bisous.