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Histoire de mon voyage autour du monde
15 novembre 2012

273e jour : Discussion avec un inconnu dans la ville dorée de Jaisalmer...

Vers cinq heures du matin, le bus s’arrête dans une petite ville de l’Ouest indien, le chauffeur nous explique alors que nous devons attendre qu’un autre autocar vienne, pour nous emmener à Jaisalmer. En attendant, on peut rester dans le bus, et on peut aussi se permettre d’aller chercher plusieurs coupes de thé masala sur le stand de la rue d’en face, car il a déjà ouvert, par chance ! Bref, maintenant que ça s’agite autour de moi, impossible de garder le sommeil plus longtemps... Et même si je ne peux pas dire que j’ai bien dormi, je n'oublie pas que la couchette est toujours bien plus confortable que la simple banquette dont je disposais pour les voyages précédents.

Dehors, tout en sirotant ma tasse de thé, je fais la connaissance d’un autre voyageur, Lewin, un australien. Très jeune : 21 ans je crois. Il voyage pourtant seul et semble assez téméraire car il me dit avoir déjà voyagé en Thaïlande et en Europe où il a étudié également. Il a d’ailleurs planifié d’autres projets de voyage pour les années à venir… Ainsi, j’ai rencontré quelqu’un avec qui partager mes souvenirs de voyage. Et par chance, comme nous allons tous les deux dans la même direction, nous embarquons dans le même bus et pouvons ainsi poursuivre notre discussion plusieurs heures durant.

Ayant bien sympathisé, nous décidons d’aller ensemble à la même auberge, une adresse pas chère proposée par un rabatteur indien qui nous a aperçu depuis le bus, à la gare routière. Ainsi, nous faisons des économies sur la course en tuk-tuk puisque le garçon travaille pour l’hôtel.

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Rond-point à l'entrée de Jaisalmer

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On nous propose ensuite un tour pour le lendemain, une excursion en chameau dans le désert de l’Ouest. Nous acceptons d’autant plus facilement que leur offre correspond tout à fait ce que nous recherchions et puis il faut dire que le responsable est bon commercial... D'ailleurs, il ne nous laisse pas le temps de comparer les prix chez la concurrence, car prétendant devoir régler la préparation du tour cet après-midi pour le lendemain, il nous oblige ainsi à prendre une décision rapide...

Bref, après avoir payé le tour pour le lendemain, nous alimentons nos estomacs vides dans le restaurant de l'hôtel, et faisons une petite sieste d'une bonne heure, rattrapant ainsi la faible quantité de sommeil de la veille. L’après-midi, nous partons ensuite visiter le fort de Jaisalmer, une merveille très touristique, à l’image de tout ce que j’ai pu voir jusqu’à présent dans le Rajasthan. Au passage, on découvre aussi des temples à proximité de la forteresse, tous les monuments importants étant situés dans la ville fortifiée dans laquelle 2,000 personnes résident, la ville de Jaisalmer dénombrant 58,000 habitants au total.

Je dois dire que le dispositif est impressionnant et la vieille ville est vraiment très jolie. Elle est construite sur une éminence qui surplombe le désert du Thar, (dans lequel nous nous rendons demain) et permet de le surveiller sur une grande distance. Et, pour se protéger des invasions ennemies d’autrefois, elle a été entourée d'un rempart de 5 km comportant 99 bastions et tours d'angle.

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Murs protégeant la forteresse

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Entrée de la ville fortifiée

Pour l'histoire, il faut savoir que Jaisalmer, appelée aussi la ville dorée, doit son importance historique et sa richesse à son rôle d'étape caravanière sur la route entre l'Inde, la Perse, l'Arabie et l'Occident. Et du fait de sa proximité avec le Pakistan, elle a donc subi très fortement son influence, et visiter Jaisalmer revient un peu à avoir un aperçu de la culture voisine à forte concentration musulmane.

En effet, car nous ne sommes qu’à 100 km du Pakistan, et le paysage et la culture n'ont cessé de se transformer au fur et à mesure que nous nous sommes enfoncé dans l’Ouest du pays. Parmi les différences notables par rapport au reste du Rajasthan, je remarque en premier lieu des variations au niveau de l’architecture, mais je suis également surpris de constater un changement  du mode de vie également, car la pauvreté ici est moindre par rapport au reste de l’Inde et la ville est aussi plus propre. D’ailleurs, il est intéressant de noter que l’Etat de Jaisalmer ne fut annexé au Rajasthan qu’en 1949 ce qui peut expliquer les nuances qui peuvent exister avec le reste de la région.

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Fondations du vieux fort, monument hautement touristique

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Vue de la ville depuis la terrasse située sur le toit du fort

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Remparts de la ville

Bref, je termine ainsi la visite, satisfait, et lorsque je rentre le soir, j’ai la surprise de rencontrer en chemin, un local qui parle très bien français. Assez sûr de lui, contrairement à ses collègues, il ne se laisse nullement décontenancer par ma présence et n’hésite pas à me dire tout haut ce que beaucoup ici pensent tout bas.

Par exemple, il m’explique qu’il n’aime pas les touristes, car selon lui, ils ne respectent pas les indiens et se croient supérieurs, de plus il clame que nous devrions faire preuve de plus de générosité envers eux étant donné les moyens dont nous disposons. Il dit aussi que les occidentaux ne pensent qu’à exploiter les peuples prétendus plus faibles et à les priver de leurs matières premières et de leurs richesses. Au final, il conclue en disant que cela ne nous rend pas heureux car nous nous éloignons de plus en plus des choses qui comptent vraiment, comme la famille, et les amis, préférant vivre dans l’opulence en accumulant les profits.

Je le félicite alors pour son français et pour son analyse qui est, je le crois, très juste, et que je partage, mais je lui précise que tout le monde en Occident n’est pas partisan de ce système qui ne vise qu’à appauvrir les couches sociales les plus démunies et à enrichir les familles déjà favorisées au départ. Et je lui indique aussi que les indiens les plus riches participent, eux aussi, activement à la réussite de ce système au détriment de sa propre population, car cela ne pourrait pas fonctionner sans leur aide. Il me répond que ce n'est pas toujours vrai car les pays occidentaux n'hésitent pas à déclarer la guerre aux pays du Tiers-monde qui osent leur résister et dont l'élite n'est pas corrompu.

Malheureusement, je n'ai rien à répondre à ça. Et je lui dis donc simplement que, dans mon cas, ne pouvant vivre en marge de la société qui nous fait vivre, j'essaye de faire le meilleur usage possible de l'argent que je collecte grâce au système, c'est à dire en voyageant notamment, et en tâchant de découvrir de nouvelles cultures, de m’ouvrir au monde, et de changer ma vision de celui-ci. 

Et résigné, je reconnais alors que si l'establishment fonctionne aussi bien, c'est en raison de la difficulté qu'éprouvent les gens à résister à l'appât du gain malgré toute l'éthique qu'ils peuvent avoir. Et d'ailleurs, je lui signifie que s’il en avait la possibilité, lui, serait peut-être heureux de quitter son pays pour vivre dans des conditions meilleures. Immédiatement, il réplique que non, car son bonheur réside dans le fait de rester proches des siens. Il insiste d’ailleurs en disant qu’il voit ses parents tous les jours et qu’il ne veut pas changer cela. Je salue donc les valeurs qu’il défend, car il faut parfois du courage pour accepter de ne pas s’enrichir seulement pour rester auprès des gens que l'on aime. Cependant, je demeure toutefois sceptique car il est facile de donner des leçons quand la tentation ne se fait pas ressentir.

Ensuite, je tente de quitter la conversation et de m’éclipser, ce qui n’est pas facile, car mon interlocuteur ne souhaite pas interrompre la conversation et me propose d’aller avec lui dans un bar du centre-ville. Je décline alors gentiment l’invitation car malgré toutes ses belles paroles, cet indien m’a paru un peu louche. Et puis de toute façon, je dois me coucher tôt pour partir en tour organisé dans le désert, demain matin. L’étranger me salue alors en disant : « Vive Jamel Debouze » ! Ah ah ! En voilà un dont la réputation a traversé toutes les frontières !

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