280e à 281e jour : Ayutthaya, les vestiges d'une grande civilisation thaïlandaise aujourd'hui disparue...
Vendredi, je décide de quitter le centre-ville pour explorer l’arrière-pays autour de la capitale et notamment Ayutthaya située à 90 km au Nord, car ici se trouvent les vestiges d’une des plus grandes civilisations du pays. Pour faire cette visite, je suis en compagnie de Serdar, un anglais d’origine turque, rencontré dans mon auberge, et avec qui j’ai sympathisé. Ses amis à lui (anglais également, mais d’origine turque et indienne), ont préféré rester à l’auberge car ils n’ont pas beaucoup dormi suite à leur dernière soirée. Serdar, plus courageux, a accepté de m’accompagner malgré la fatigue. Nous prenons donc ensemble le bus pour Ayutthaya en fin de matinée.
Pour planter le décor et donner un bref aperçu de l’histoire de la Thaïlande et de sa situation actuelle, voilà ce qu’on peut déjà dire :
La ville d’Ayutthaya, fondée en 1350, fut la deuxième capitale du royaume de Siam. Entre le XIVe et le XVIIIe siècle, cette cité florissante devint l’une des agglomérations les plus grandes et les plus cosmopolites du monde, ainsi qu’un centre mondial de la diplomatie et du commerce. La ville fut néanmoins attaquée et rasée en 1767 par l’armée birmane, qui en chassa ses habitants. Elle ne fut jamais reconstruite au même endroit et ses ruines constituent aujourd’hui un vaste site archéologique. Après la destruction de la capitale Ayutthaya, le général birman Taksin, devenu roi, se replia en aval sur Bangkok et décida d'y fonder la nouvelle capitale, qui l'est encore aujourd'hui.
En aparté, il faut savoir que Bangkok n’était à cette époque qu’un village situé sur la rive ouest du fleuve Chao Phraya, et avait même été occupé une année par les troupes françaises (en 1687), le roi d'Ayutthaya leur cédant officiellement le village par traité avant que son successeur les en expulse en 1688.
Devenu dément, le général birman Taksin, qui déplaça la capitale à Bangkok fut assassiné et remplacé par le général Chakri qui, sous le nom de Rama Ier, devint le premier roi de la nouvelle dynastie surnommé également Chakri, qui règne encore aujourd'hui et dont le roi actuel, Rama IX, jouit d’une grande popularité.
Pour le comprendre, il faut savoir qu'il a mis en œuvre en Thaïlande un très important culte de la personnalité, visible par tous (ce qui surprend beaucoup quand on n’y est pas habitué), ses représentations géantes se trouvant un peu partout dans les rues des différentes villes du pays, sans compter qu’il apparaît sur tous les billets de monnaie (Bahts). Autre exemple, en 2006, il était aussi demandé de porter un T-shirt jaune tous les lundis, en son honneur, pour le soixantième anniversaire de son accession au trône. Aujourd’hui, il est d’autant plus populaire que le peuple thaïlandais est un des grands bénéficiaires de la mondialisation et donc possède un niveau de vie nettement supérieur aux générations précédentes. Et les citoyens thaïlandais lui sont d'autant plus reconnaissants que le monarque a montré de l’intérêt en ce qui concerne le développement des zones défavorisées de son royaume. Cependant, toute opinion défavorable concernant la famille royale, même par des étrangers, étant sévèrement réprimée par la loi, il faut tout de même relativiser l'unanimisme de sa popularité…
Bref, je reviens maintenant à Ayutthaya, l’objet de ma visite d’aujourd’hui, qui était donc un ancien centre urbain florissant, et qui présente aujourd’hui un ensemble de vestiges caractérisé par ses prangs (tours reliquaires) et ses monastères bouddhistes aux proportions gigantesques qui donnent une idée de la dimension passée de la ville et de la splendeur de son architecture.
Idéalement située en haut du golfe de Siam, à égale distance de l’Inde et de la Chine et suffisamment en amont pour résister aux puissances arabes et européennes alors en expansion dans la région, la ville était elle-même en train d’asseoir et d’étendre sa puissance en occupant le vide laissé par la chute d’Angkor. Elle était ainsi un véritable centre économique et commercial à l’échelle régionale et mondiale, et une passerelle entre l’Orient et l’Occident.
Le décor maintenant planté, et je peux donc débuter le récit de mon exploration de cette ancienne cité en compagnie de Serdar, mon compagnon du jour.
Nous arrivons tout d’abord à un arrêt de bus en périphérie de la ville et après avoir trouvé un fast-food bon marché, et avoir bien mangé, nous louons les services d’un tuk-tuk pour la visite des différents sites de la ville en une après-midi. Ne disposant pas d’assez de temps, nous nous concentrerons en effet sur les lieux archéologiques essentiels de la ville.
Nous commençons alors la visite avec le premier site, Wat (temple) Chaiwatthanaram, très impressionnant, et d’ailleurs c’est d’autant plus agréable que l’architecture locale est très différente de ce que j’ai vu en Inde et j’apprécie toujours beaucoup de me retrouver immergé dans une nouvelle culture. Le seul bémol, c’est la météo, car si le temps est superbe pour les photos, l’air est très lourd, et l’humidité est terrible, et nous devons donc en permanence nous hydrater, car nous transpirons énormément…
Wat Chaiwatthanaram
Serdar
Fleuve situé à côté du premier site archéologique
Enfin, cela ne nous empêche pas d’enchaîner les différents sites archéologiques et ainsi, je me rends tour à tour à Chedi at Wat Phu Khao Thong où un grand stupa domine une clairière verdoyante, puis à Wat Lokaya Sutharam, où se trouve le bouddha couché, et à Wat Na Phra Men qui est en fait le temple principal de la ville. Ensuite, nous allons enfin à Wat Phra Si Sanphet, le sanctuaire principal de la civilisation bouddhiste disparue dont nous avons vu pour l’instant uniquement quelques vestiges. L’entrée est cette fois payante, mais comme il s’agit du site principal, la visite est incontournable, et nous y passons donc quelques bonnes dizaines de minutes.
Petite place à proximité du stupa (ci-dessous)
Wat Phu Khao Thong
Bouddha couché : Wat Lokaya Sutharam
Wat Na Phra Men, (ci-dessus pour l'intérieur, et en dessous pour l'aspect extérieur)
Wat Phra Si Sanphet
Après cela, Serdar saute sur l’occasion pour monter à dos d’éléphant, puisque c’est une activité annexe qui est réalisable à proximité des sites archéologiques. Cela constitue d’ailleurs une des principales sources de tourisme, car évidemment tous les occidentaux rêvent de monter sur un pachyderme et se bousculent d'ailleurs pour avoir une photo assis sur le célèbre quadrupède.
Après cette belle journée ensoleillée et riche en découvertes culturelles, il est temps de rentrer à Bangkok.
Je passe d’ailleurs aussi la journée suivante dans la capitale, mais je ne réaliserai pas d’activités intéressantes. Et c'est d’ailleurs le soir de cette dernière journée que je prends le bus pour Sukhotai. Ce sera alors un épisode assez compliqué pour moi, car la plupart des autocars étant déjà bookés (contrairement à ce qui m’avait été dit), j’ai dû beaucoup batailler pour me rendre à l’unique gare routière qui disposait encore de bus en partance pour le Nord et notamment Sukhotai, ma destination. Tout cela, pour éviter un des nombreux pièges signalés dans mon guide, qui annonçait que certains tuk-tuks à proximité de Khao San Road disent descendre leur prix pour se rendre à certains endroits de la ville, mais font en fait tout l'inverse car la note finale à l’issue de la course est en fait très salée…
Bref, tout ça pour dire qu'étant assez suspicieux vis à vis des chauffeurs que j'ai rencontré (leurs prix étaient étonnamment bas), je ne me suis finalement pas rendu à la gare pour réserver de billet à l’avance et cela m’a bien compliqué la tâche! N’importe comment, je finirai heureusement par arriver à Sukhotai une fois la nuit tombée vers trois heures du matin, le lendemain...